«vers de gris»
Les vers du titre sont ceux des attachants poèmes de ce recueil,élégamment illustrés par les courbes fluides des dessins de Christian DE LEENER. En exergue, le poète précise sinon son propos du moins de quelle manière est née la musique de son écriture :
«les vers de gris sont un dépôt,
pas forcément verdâtre, qui,
chez certains individus,
se forme sous l'action
de l'air de temps.
("le petit Larousse" imaginaire).»
Et c'est bien le chemin d'un homme aiguisé au fil du temps que nous croisons au fil des pages, avec ses images d'enfance, la sienne et celle d'enfants apparus, ses désirs, ses amours, ses désillusions, ses colères, ses rires, ses passions et sa tendresse incurable. C'est aussi le chant d'un homme d'aujourd'hui que nous entendons et qui parle d'une voix claire, avec des mots d'aujourd'hui, des plaisirs de la chair et de l'usure des corps; nous voguons des strophes triomphantes d'«au pays des merveilles» :
«entre les cuisses d'alice
y a comme une oasis
où filtre à profusion
un délicieux poison»
aux strophes penaudes de «tilt» :
«elle s'est barrée ma libido
sans préavis sans m'dire un mot
me laissant là comme hébété
k.o. debout traumatisé»
La voix d'un homme à l'automne de sa vie qui dit sa joie devant une naissance dans un des derniers poèmes du recueil, «message pour un petit garçon» :
«miniscorpion tout neuf
qui portera mon nom
tu es le soleil en octobre
mon cadeau de l'automne
un peu de moi venu d'ailleurs
par amours interposées
tu es cette lumière que je n'attendais plus
filtrant sous ma porte du coeur
que j'avais si bien refermée
tu es mon bleu à l'âme
le défaut de ma cuirasse
mon petit prince inespéré
que j'aimerai»
CEPULB-ULB
