sur la playa de knokke-le-zoute
y a des bistrots en bord de mer
fameux progrès sans aucun doute
j'aime pas le sable je hais la houle
et les mouettes qui font caca
le vent du large me fout les boules
je me demande ce que j'fais là
hors de chez moi j'suis hors de moi
j'deviens grincheux de mauvais poil
j'ai l'obsession de mon chez-moi
j'pense qu'à une chose mettre les voiles
on est en plein anticyclone
le soleil plombe l'occipital
je fais tchin-tchin à mes fantômes
tout en bronzant j'me rince la dalle
que la mémoire est insidieuse
ils sont fidèles les revenants
jolies madames mes amoureuses
aux abonnés jamais absents
sur la playa de knokke-le-zoute
y a des jeunes mères en abondance
dont les époux n'arrivent au zoute
qu'en fin de semaine par convenance
les jeunes mères sont des proies faciles
elles ont besoin d'se rassurer
très vite elles ont l'regard docile
dès qu'on leur parle de leur bébé
soudain rempli de nostalgie
mon coeur se serre je me fais peur
faut ensabler les vieilles envies
je ne suis plus que spectateur
sur la playa de knokke-le-zoute
les askhénazes viennent en famille
de grosses bobonnes que je redoute
elles ne parlent pas elles s'égosillent
sans s'accorder la moindre trêve
elles font plus d'bruit qu'un groupe de rock
aucune pitié pour ceux qui rêvent
pour le poivrot qui soliloque
j'suis encerclé par mille mouflets
qui creusent des trous un peu partout
bonjour le stress j'suis aux aguets
je crains l'coup d'pelle d'un morfalou
la bière est fraîche et bien mousseuse
j'commence à voir des bayadères
des négresses vertes des strip-teaseuses
et des sirènes intérimaires
je rêve d'une île presque déserte
eldorado désaffecté
où j'f'rais du slam aux négresses vertes
cajolé par les alizés
il est grand temps que je me barre
j'en ai ras l'bol de la playa
pour parler jeune je déconne rare
et l'ridicule ça tue parfois