seul à deux
je dors avec une étrangère
qui rêve tout haut qui pleure tout bas
hantée par de lointains mystères
d'inextricables aléas

je vis avec une silencieuse
une insulaire à sa façon
seule sur son île mystérieuse
dont elle n'explore que les tréfonds

je vis avec une ressasseuse
mélancolique d'une vie d'avant
qui se refuse à être heureuse
qui désespère du temps présent

je vis avec la prisonnière
d'un monde à part d'un ghetto noir
d'un engrenage délétère
obsessionnel et péremptoire

je dors avec une cauchemardeuse
qui ne dévoile tous ses tourments
qu'en rêveries tumultueuses
d'où ne s'échappent que des fragments

moi je suis là yeux grand ouverts
mausissant l'aube qui ne vient pas
j'compte les moutons de ma bergère
qui rêve tout haut mais pleure tout bas