rêvassé dans les foins
somnolé sur la mousse
à l'orée d'un grand bois
j'ai dîné en dormant
plus souvent qu'à mon tour
pioncé à même le sol
sur des carrelages glacés
j'ai dormi sous les ponts
en rêvant de brooklyn
j'ai même dormi debout
dans un train de banlieue
j'ai cuvé bien des spleens
au hasard des comptoirs
du sommeil de l'injuste
j'ai squatté plein d'alcôves
roupillé chez les riches
entre draps de satin
j'ai dormi sous narcose
entouré d'anges verts
un jour je dormirai
dans une tranchée profonde
que d'aucuns rempliront
pressés qu'on en finisse
de terre
de quelques fleurs
de quelques pleurs
et de quoi d'autre