pas vraiment pute
aux environs d'la gare centrale
en pleine nature sous les étoiles
j'me suis farci une anonyme
nippée tout cuir et tout denim
elle était schlass la p'tite mignonne
fausse intello mais vraie cochonne
j'l'avais levée dans un boui-boui
où entre deux gin-martini
elle dissertait pathétiquement
sur le désir et ses tourments
et projetait à l'évidence
de s'faire tringler de toute urgence
ému par tant de désespoir
et n'écoutant que mon devoir
je l'ai drivée façon bébel
vers une verdure providentielle
le s.o.s. étant de mise
foin d'amuse-gueule de mignardises
elle prit tout d'suite le cul à l'air
la pose dite du missionnaire
devant une telle bonne volonté
l'assaut fut bref instantané
étreinte brutale son stéréo
la guerre du feu l'dernier tango
en quinze secondes ce fut l'orgasme
le cataclysme le royal spasme

puis nous restâmes immobiles
quelques instants indélébiles
sans une parole sans une caresse
comme réfractaires à la tendresse

on s'est quittés presqu'aussitôt
s'disant au r'voir p't'être à bientôt
tout en sachant même à l'amiable
que le mensonge était minable

c'était il y a longtemps déjà
fait-elle encore son cinéma
se doute-t-elle la jouvencelle
combien souvent je pense à elle
à ce cocktail de fulgurances
nées du hasard et de l'errance
qui a uni dans leur délire
une nymphomane et un satyre
se doute-t-elle que j'l'imagine
corsage tout cuir martini-gin
draguant les jules avec l'angoisse
des heures qui fuient du temps qui passe